Domaines d'Actions - Pratiques en orientation scolaire et professionnelle - BURKINA FASO

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Bref aperçu sur l’orientation scolaire et professionnelle au Burkina Faso

La pratique de l’orientation scolaire et professionnelle exercée par des spécialistes, qu’ils soient experts, conseillers, médiateurs ou accompagnateurs, existe depuis que l’homme se trouve confronté à la nécessité d’effectuer des choix de carrière (Mary, 2012). Depuis le début de son institutionnalisation dans les années 70, l’orientation scolaire et professionnelle au Burkina Faso a traversé plusieurs étapes tout comme dans d’autres pays du monde. Utilisée en ces débuts comme instrument de la politique économique fondée sur la rationalisation de la répartition des élèves à chaque palier de l’enseignement elle a par la suite milité en faveur de la démocratisation de l'école. Elle est devenue actuellement une œuvre éducative cherchant à rendre le jeune à la fois plus autonome et plus responsable dans ses conduites d'orientation.

Cependant, la rapide évolution du contexte socio-économique du pays entraîne de plus en plus de difficultés au niveau des jeunes à anticiper leur avenir qui, même s’il y a souvent des lueurs d’espoir, reste souvent incertain. Aujourd’hui, le système éducatif burkinabè tout comme ceux d’autres pays africains est souvent confrontés à des difficultés relatives à la gestion des flux et des projets professionnels individuels. Ces difficultés sont en partie liées au fait que nous sommes dans une période de « massification » de l’enseignement secondaire et supérieur. Comment gérer un nombre aussi important d’élèves de sorte à avoir une adéquation entre le choix de chacun, ses ambitions, sa vocation, ses compétences et les réalités du marché de l’emploi ? Dès lors, la problématique de l’orientation scolaire et professionnelle se pose. A ce propos, il est nécessaire de mentionner que l’orientation relève d’enjeux divers et se doit de répondre à des attentes provenant de nombreux acteurs sociaux impliqués (politiques, économiques, enseignants, élèves, parents d’élèves, etc.).

Par ailleurs, les changements liés au marché du travail ces dernières années lance de nouveaux défis à l’orientation scolaire et professionnelle qui se doit de se réadapter. En effet, ces pratiques s’appuient sur des modèles spécifiques prenant en compte plusieurs facteurs comme ceux relatifs au contexte socio-économique et culturel, tout comme les facteurs psychologiques liés à l’individu lui-même. Actuellement, l’orientation scolaire et professionnelle au Burkina Faso fait l’objet de plusieurs travaux d’étude en vue de dégager des perspectives et donner un nouvel essor à ce champ disciplinaire.

Depuis la rentrée universitaire 2018-2019, une plateforme d’inscription dénommée Campus Faso a été mise en place afin de faciliter les demandes d’orientation des nouveaux bacheliers qui se font désormais en ligne. Si cette plateforme en ligne contribue d’une certaine façon à réduire les difficultés d’accès des nouveaux bacheliers aux différentes universités du pays, elle comporte toutefois des failles qu’il faudrait travailler à corriger. Parmi ces failles on peut relever le fait qu’elle ne permet pas au nouveau bachelier de découvrir véritablement le contenu en termes d’enseignement des différentes filières disponibles, elle ne permet pas non plus de rencontrer un conseiller d’orientation afin de murir la réflexion sur son choix avant la demande d’orientation. Ce qui fait que certains sont affectés dans des filières qui sont en déphasage avec non seulement leurs aptitudes intellectuelles, mais aussi leurs ambitions d’études universitaires. L’orientation n’existe quasiment plus dans les universités, laissant les nouveaux bacheliers à eux-mêmes et le conseiller d’orientation qui joue un rôle très capital dans le choix de filière des étudiants est presque mis à l’écart. Cette plateforme gagnerait en pertinence si on travaillait à corriger ces failles.

Au regard de la structuration décrite plus haut, plusieurs limites sont observées dans le système d’orientation scolaire et professionnelle dans le contexte du Burkina Faso. Les services d’orientations scolaire et professionnelle qui existent depuis maintenant plus de 20 ans, rencontre d’énormes difficultés en termes de pratiques d’accompagnement des jeunes. Ils font face à plusieurs obstacles d’ordre institutionnel et fonctionnel. Il y a un déficit de collaboration entre les services d’orientation et les établissements d’enseignement et le monde de l’emploi (Bakouan, 2020). Ce qui fait que le plus souvent, le conseiller d’orientation a souvent des difficultés à assurer pleinement sa mission, notamment celle d’accompagner les élèves tout au long de leur cursus scolaire et universitaire. Ce défaut de coordination et de collaboration entre services d’orientation et établissements fait que les conseillers d’orientation ont souvent du mal à assurer les simples séances d’informations collectives organisées notamment à l’endroit des élèves des classes de troisième et de terminale. Par ailleurs, il est important de noter que les conseillers d’orientation ne bénéficient pas de formation continue régulière. En dehors des tests manipulés lors de leur formation de base (QIP, test de personnalité comme le16PF), ils ne disposent pas d’assez d’outils pour améliorer leurs prestations en termes d’accompagnement. En plus, du fait qu’ils soient issus de disciplines diverses (sociologie, psychologie et sciences de l’éducation), ils n’ont pas souvent le même niveau de compétence à l’issue de leur formation de base.

Il apparaît donc plus que nécessaire que l’orientation gagne davantage en visibilité. Pour cela, les acteurs de terrain doivent faire un travail de lobbying à tous les niveaux du système pour que l’orientation soit prise en compte dans les réflexions sur le système éducatif. Les acteurs de l’orientation doivent aussi travailler à créer des outils indispensables et contextualisés à leurs activités professionnelles. Dans le contexte actuel, il est nécessaire de fournir aux conseillers d’orientation du Burkina Faso un cadre de référence à la fois rigoureux et flexible en tenant compte de la complexité de la pratique professionnelle en milieu scolaire et universitaire et de certaines approches en orientation, en respectant tout aussi l’autonomie des praticiens. Il serait par ailleurs nécessaire de s’appuyer sur l’exemple des pays de l'OCDE et de l'Union européenne qui mettent en œuvre des stratégies de formation tout au long de la vie ainsi que des politiques destinées à rendre leurs citoyens plus aptes à l'emploi. Il faut pour cela qu'ils aient accès à une information et des conseils de haute qualité concernant l'éducation, la formation et le travail. A ce sujet on note cependant que l’écart qui sépare les modalités d'organisation des services d'orientation scolaire et professionnelle et les objectifs de l'action publique est souvent profond. Au Burkina Faso, ce fossé est d’autant plus important en ce sens que les services d’orientation semblent souvent déconnectés de l’action des politiques en matière d’éducation, de formation et d’insertion professionnelle. Il revient également aux praticiens de l’orientation d’avoir une approche holistique au matière de formation, d’information, d’orientation et d’emploi en tenant compte du caractère complexe et imprévisibles de l’évolution socio-économique.

Enfin, et il est important de le mentionner, le conseiller d’orientation est vu aujourd’hui comme un spécialiste du monde scolaire dans sa globalité en termes d’orientation et d’apprentissage. En effet, dans les nouvelles attributions des conseillers d’orientation scolaire et professionnelle, il est clairement mentionné que ceux-ci doivent aider leur public cible (élèves, étudiants) à surmonter les éventuelles difficultés d’apprentissages. Les conseillers engagés dans cette dynamique doivent avoir une connaissance approfondie des méthodes, stratégies et outils de diagnostic et de prise en charge, mais aussi des bases théoriques solides qui doivent servir d’ancrage à leurs pratiques.